Lu et approuvé par Clément Rosset

Clément Rosset m'a fait l'honneur de lire et d'apprécier La Seconde Vie de Clément Garcin !

Deux de ses livres, La Force majeure et Le Principe d'incertitude, ont fortement guidé l'écriture de ce roman.
J'ai d'ailleurs choisi de prénommer mon personnage principal en référence à ce grand philosophe. 

Et je cite, page 114, un extrait du Principe d'incertitude : "Ainsi l'homme est-il la seule créature connue à avoir conscience de sa propre mort (comme de la mort promise à toute chose), mais aussi la seule à rejeter sans appel l'idée de la mort. Il sait qu'il vit, mais ne sait pas comment vivre ; il sait qu'il doit mourir mais ne sait pas comment il fera pour mourir."

Quelque peu marginalisé aujourd'hui, Clément Rosset, ancien professeur de philosophie à Nice, est pourtant un penseur majeur qu'il ne faut cesser de lire et de relire. 
Notamment connu pour Le Réel et son double (1976), il se heurte dans son œuvre à la question du réel avec humour, vivacité, érudition et lucidité. La réalité, chez lui, n'a d'autre attribut que d'être cruellement... réelle. Rien à expliquer, rien à comprendre, pas de "double" ni d'illusion à chercher en guise de réconfort : le réel se suffit à lui-même. Le pire est alors la seule certitude et, pour supporter le réel, pour se le coltiner, il faut pouvoir/savoir s'en remettre à la joie. Une joie sans raison, inconditionnelle : être heureux, c'est l'être sans le confort de l'illusion, c'est être heureux en connaissance de cause, être heureux malgré tout. 

On m'a dit que La Seconde Vie de Clément Garcin n'était pas un roman très joyeux. Mais je l'ai justement écrit dans une idée de la joie "à la Clément Rosset", comme un appel de vie - de vie malgré tout. Les épreuves, les accidents, nous confrontent sans cesse à la cruelle réalité du réel. Et, pour tout dire, je ne suis vraiment pas sûr que la vie vaille le coup d'être vécue. Comprendre : qu'elle vaille le coup en tant que telle. Simplement, notre "métier de vivre" nous engage, nous oblige à rendre la vie vivable. Oui, à bien y réfléchir, la vie est invivable, à moins de ne s'atteler chaque jour à la rendre vivable.

J'ai toujours craint de lire les livres de Clément Rosset un peu trop au premier degré et de passer à côté de sa subtilité et de son ironie. 
J'ai souhaité toutefois lui envoyer un exemplaire de mon roman, en témoignage, bien modeste, de ma reconnaissance et de mon admiration.
Sa lettre et ses félicitations me remplissent aujourd'hui de joie et de fierté !

Plus d'infos sur Clément Rosset : http://clementrosset.com/

Et voici sa lettre : 

"Cher monsieur, 
Il faut croire que votre Clément vit la même vie que la mienne. Car, après une noyade ratée dans les eaux de Majorque, j'ai passé trois mois à l'hôpital qui ressemblent mot à mot à ce que vous lui faites endurer (dans la première partie du livre). Et, comme lui, je marche maintenant 'à mon rythme' (mais l'âge et l'arthrose y sont pour quelque chose), c'est-à-dire un rythme un peu ralenti. Et, comme lui, je considère la réalité comme de plus en plus bizarre. On dirait presque une troublante histoire de double - thème auquel je m'intéresse particulièrement. Et l'onirisme vagabond de Clément (par ex. p. 109) m'est assez familier.
Avec mes félicitations et mes remerciements, et bien cordialement à vous, 
Clément"


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JE VEUX DIRE

Tu retournes en hiver dans la maison où tu as passé tant d'étés