"Faire comme si", pour maquiller le crime - chronique dans Les Cahiers de l'effpp
Il est des choses qu’on ne veut pas entendre. Qu’on ne peut entendre. Je viens d’entendre les « deuzéleu » moi aussi, à la lecture de ce livre. C’est dire la force de l’interdit. De l’interdit de dire. De l’interdit de parler. Car il est impossible d’entendre. Mais que ne veut-on pas entendre ? L’auteur, dès les premières pages, nous dit avoir « attendu une vie entière », pour pouvoir enfin « nommer », « prendre pleinement conscience » de ce qui lui est arrivé, lorsqu’il avait six ans. Or l’auteur est encore jeune… il lui reste encore de la vie à vivre. Désormais il y aura pour lui une frontière, dont le tracé surgit avec la convocation pour un procès en assise. Comme si enfin le droit venait percuter silence, « le silence noir des bonnes familles ». Arracher les faux semblants, piètres oripeaux dont tout le monde s’est paré, croyant ainsi effacer le crime. Faire disparaître les preuves, au prix même de la négation de...