L'Autre - atelier d'écriture au Musée d'Art Moderne de Paris
« Choisir une œuvre où figure un animal, qu’il en soit ou non le sujet principal ».
Il fallait nous voir, ce matin d’avril, parcourir la collection labyrinthique du Musée d’art Moderne, accrochés au – et déjà reliés par le – fil d’Ariane de cette première consigne. Salvatore Tulipano, guide-conférencier, et Céline Poulain, chargée de médiation culturelle, avaient balisé pour nous l’itinéraire. Là, le chien blanc assoupi au pied de La Vasque fleurie de Kees Van Dongen ; plus loin, la Lionne en bronze de Georges-Lucien Guyot veillant sur l’Eve de Maud Gérard et la Dame à la licorne de Jean Dupas ; ailleurs, L’Oiseau bleu de Jean Metzinger répondant aux Oiseaux de nuit de Karel Appel. D’une salle à l’autre, d’une époque à l’autre, le musée se transformait en un bestiaire insoupçonné. L’itinéraire se prolongeait, s’improvisait, nous ouvrait de nouvelles pistes. Ces circonvolutions de Sonia Delaunay (Rythme) ne sont-elles pas mâchoires et étreintes sauvages ? Cette figure au long cou peinte par Tschabalala Self (Patience) est-elle femme ou animale ? Et quelle est, au juste, cette bête de somme qui renverse le Rêve de Marc Chagall ? Déjà, nous apprenions à interroger animal et œuvre d’un même regard – et à nous laisser interroger à notre tour.
Adopter un animal / une œuvre de compagnie : l’idée de ces ateliers était de proposer diverses consignes d’écriture pour approcher ce que suscite, en chacun•e, cette « compagnie » – de l’œuvre à l’animal, faire l’expérience, non pas de ce qui nous lie à un « monde animal » qui serait autre, mais de ce qui nous rend propres à habiter un monde commun, monde « plus-qu’humain »
Guidé chaque samedi par la Danse de Matisse jusqu’à l’arrière-salle qui nous accueillait, j’ai été chaque fois saisi, surpris, séduit, transporté, par ce mélange d’énergie, de générosité, de fantaisie, d’érudition, de complicité et d’inspiration avec lequel les participant•es se sont emparé•es des consignes. Il fallait entendre combien cette pièce bruissait alors de paroles, d’accents, d’intuitions, de rires, d’émotions et combien les mots lus et entendus nous ont permis de vivre cette circulation des sensibilités entre l’humain, l’animal et sa représentation.
Nous avons cheminé non seulement « en compagnie », mais qui plus est en très belle compagnie.
J'ai eu, au printemps 2025, le plaisir d'être sollicité par Les Editions du portrait pour animer un atelier d'écriture pour personnes réfugiées, en partenariat avec et les associations Kodiko et Le Monde en têtes au Musée d'Art Moderne de Paris.
L'atelier s'est conclu par une lecture-spectacle, mise en scène (en voix) par Sarah Bussy :