Critique parue dans La Lettre du Syndicat français de la critique de cinéma
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"Pour notre plus
grand plaisir, ce récit envoûtant mêle un fantastique calmement dérangeant, qui
évoque (jusque dans le titre) les contes de Théophile Gautier, et un univers
captieusement rationnel et réaliste qui rappelle celui d’un Perec." - critique de Christian Berger, parue dans La Lettre du Syndicat français de la critique de cinéma.
Surprise ! Le premier opus du
président des Fiches du Cinéma n’est
pas un ouvrage consacré au 7ème art, mais un roman. Pour notre plus
grand plaisir, ce récit envoûtant mêle un fantastique calmement dérangeant, qui
évoque (jusque dans le titre) les contes de Théophile Gautier, et un univers
captieusement rationnel et réaliste qui rappelle celui d’un Perec. Avec une
force faussement tranquille, portée par un style aussi fluide que nerveux (le
roman est parsemé de formules heureuses telle « le doux miracle de la
monotonie »), Cyrille Latour nous met peu à peu dans la peau de son
anti-héros central, ingénieur au chômage (mais est-ce si important ?), qui
pénètre, comme ça, dans les maisons et les univers d’inconnus, et se mêle de et à leur existence,
« archéologue improvisé de (…) vies fantômes ». Un univers
qu’envahissent, fantasmes ou réels, présents ou absents, père, mère, compagne...
Où, par le biais d’un longtemps mystérieux M. Edouard, autre anti-héros
fascinant et belle création littéraire, s’immiscent histoire et mysticisme (l’ex-Yougoslavie
des récentes années de guerre, les apparitions de la Vierge, la
« Gospa », à de jeunes villageoises croates). Un roman, donc, et d’une
grande originalité. Mais l’histoire, le découpage, la narration de ce voyage
entre passé, présent, rêve et réalité, sont si constamment
« cinématographiques » (l’ancrage du récit dans un Paris aussi irréel
que précis évoque bien sûr Rivette), qu’on ne doute pas qu’un disciple de
Rivette ou de Ruiz, par exemple, s’en empare…
Christian Berger