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Affichage des articles du 2019

" un très beau livre à l'écriture clinique, d'une sobriété confondante" - L'Espadon

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             Livre qui tente de dire les non-dits et, par les mots, de faire parler les silences. Le soupçon du genre pose le cadre : Camille, un prénom dont on ne sait, au juste, s'il fixe une identité (masculin-féminin) ou déploie son ambiguïté. Une ambiguïté qui a cours pendant 50 pages. Honte ou colère ? Impuissance ou lâcheté ? Ecart entre la perception des événements par un enfant de six ans et leur réception par les proches, inconscience qui confine à l'indifférence, le petit garçon découvre un monde sans savoir toujours ce qu'il doit penser de ce qui lui arrive. Quel sens donné à cette rupture qui a les allures de la continuité vingt ans plus tard ? Il faudra cinquante pages au narrateur pour nommer le traumatisme, mettre des mots sur une réalité impossible à saisir, à comprendre. Que s'est-il passé ce jour-là ? A-t-on simplement joué, expérimenté ? Quelqu'un m'a-t-il réellement agressé ?    On joue un rôle par peur de dérange

"Faire comme si", pour maquiller le crime - chronique dans Les Cahiers de l'effpp

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Il est des choses qu’on ne veut pas entendre. Qu’on ne peut entendre. Je viens d’entendre les « deuzéleu » moi aussi, à la lecture de ce livre. C’est dire la force de l’interdit. De l’interdit de dire. De l’interdit de parler. Car il est impossible d’entendre. Mais que ne veut-on pas entendre ? L’auteur, dès les premières pages, nous dit avoir « attendu une vie entière », pour pouvoir enfin « nommer », « prendre pleinement conscience » de ce qui lui est arrivé, lorsqu’il avait six ans. Or l’auteur est encore jeune… il lui reste encore de la vie à vivre. Désormais il y aura pour lui une frontière, dont le tracé surgit avec la convocation pour un procès en assise. Comme si enfin le droit venait percuter silence, « le silence noir des bonnes familles ». Arracher les faux semblants, piètres oripeaux dont tout le monde s’est paré, croyant ainsi effacer le crime. Faire disparaître les preuves, au prix même de la négation de soi par la négation de l’autre. Laisser l’enfant se « voir

"C'est autour du silence que la littérature travaille" - Chronique radio Kaléidoscope n° 30

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Chronique radio Kaléidoscope n° 30 Émission Paludes n° 911 du 4 octobre 2019 Radio Campus Lille Mes Deuzéleu en (bonne) compagnie de Classe de mer de Benjamin Taïeb

J’écris “au-devant de moi” - entretien pour la revue Basilic

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[entretien paru dans la revue Basilic ] Déjà auteur de deux forts romans, Del’univers visible et invisible (2012) et LaSeconde Vie de Clément Garcin (2014), Cyrille Latour nous a donné, en 2018, un récit bouleversant écrit en souvenir de sa compagne et mère de leur fille, la photographe Manon Nouailhac . En avant-première d'une rencontre qui aura lieu en octobre à Nice, nous avons eu envie de savoir quels étaient les enjeux d'écriture de cet encore jeune auteur. Françoise Oriot : Tes deux premiers livres sont des romans, le troisième un récit autobio- graphique. Est-ce un tournant dans ton écriture ou as-tu toujours pensé que tu pratiquerais ces deux formes d’écriture ? Cyrille Latour : J’ai, pour tout dire, quelques hésitations à penser en ces termes. D’abord, parce que je suis surpris, aujourd’hui, de constater la part autobiographique de ce qui relève pourtant de romans “de fiction”. Part dont je n’avais pas, en tout cas pas pleinement, consci

Présentation vidéo de Mes Deuzéleu

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"Comment se construire sur une parole absente ? C'est tout l'enjeu de l'écriture que d'essayer d'écrire autour de cette parole absente"  Présentation vidéo de Mes Deuzéleu , réalisée avec la complicité de Jérôme Deneubourg .

Chronique - lelitteraire.com

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 "Deux livres semblables et frères" : Mes Deuzéleu chroniqué sur lelitteraire.com avec Classe de mer , de mon frère d'édition Benjamin Taïeb . L es édi­tions Luna­tique pro­posent deux livres sem­blables et frères. Certes, leur écri­ture et leur contexte sont très dif­fé­rents. Mais tout deux témoignent d’une même quête et d’une même colère. L’enfance a du mal à y être digé­rée. Et le lec­teur com­prend aisé­ment pour­quoi. D’un côté — avec Taieb — un enfant vic­time à la fois de ses amis et d’adultes indo­lents, lâches ou sim­ple­ment indif­fé­rents. De l’autre — chez Latour — un autre enfant qui lui aussi écrit pour ten­ter, enfin, d’être entendu et écouté. L atour tente sinon d’excuser du moins de com­prendre ce que subis­sait Camille — avec deux “l” et un “e” (d’où “Deu­zé­leu) chez les B… Taieb a plus de mal à accep­ter ce qui fut. Certes, il ne dénon­cera per­sonne mais la pilule a du mal à pas­ser. Mais dans les deux cas nous sommes

Mes Deuzéleu

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 C’est une lettre que j’ai imaginée pendant des années sans jamais oser l’écrire — comme toutes ces lettres inachevées dont on se persuade que, une fois envoyées, elles solderaient tous les comptes passés. Le repas avec mes parents  et la marche sous le ciel d’avril m’ont enfin décidé. C’est une chance à  saisir. La dernière chance. Une lettre pour cet adolescent que j’ai croisé il y a  près de trente ans et dont la photo, pour une raison qui me reste inconnue, a  eu longtemps sa place dans l’album familial. J’avais six ans. J’ignore son nom. J’ignore son âge. Il était pubère. Je ne  l’étais pas. ​ Oublier ? Pardonner ? Surmonter ? Refouler ? Que peut faire Camille, avec deux « l » et un « e » — deuzéleu —, devenu adulte, pour survivre à ce qu’il s’est passé chez les B. ? Écrivain, il choisit d’écrire, pour témoigner. Sans rien épargner, sans rien excuser. Pour enfin être entendu de ceux qui ne l’ont pas écouté.   60 pages Prix : 8 € Éditions Lunatique Pou